Espace personnel

Le kiosque à musique

La création du kiosque est indissociable de l’histoire de la musique militaire et de l’aménagement urbain de la ville.

Une lente maturation

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Carte postale (AM, 27 S 149)

Au XIXe siècle, la musique militaire est à la mode, et Auxerre est bien pourvu avec les militaires en garnison sur son territoire. Dès 1873, une délibération autorise le maire « à faire installer sur la promenade des chaises à pupitre ainsi qu’un éclairage spécial lorsque cela sera nécessaire pour le service de la musique militaire du bataillon de chasseurs ».

A partir de 1876, la question de la construction d’un kiosque est régulièrement étudiée par le conseil municipal. Une autorisation est même accordée au sieur Rollin, en février 1884, de faire à ses frais un kiosque pour la musique militaire sur la place de l’Arquebuse1. Cependant, ce projet ne voit pas le jour, tout comme plusieurs autres qui restent en l’état pour des raisons financières (propositions de kiosque en bois, projet d'achat d’un édifice de l’exposition de Paris, ...).

Les Archives municipales conservent une note de l’architecte-voyer datée du 26 mars 1892 qui résume ainsi l’état d’avancement du sujet : « Du 18 novembre 1876, jusqu’à ce jour, la question du kiosque pour la musique militaire est revenue onze fois sur le tapis. […] Ce n’est pas la question d’emplacement qui a fait traîner la chose en longueur, elle était enterrée dès septembre 1887, mais bien la dépense. Cette dernière raison me paraît encore plus valable que jamais et dès lors, pour donner satisfaction, pourquoi ne pas recourir à l’entreprise ? » 2.

Le kiosque est édifié en 1893

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Plan de l'architecte Jean Moreau, 1893 (AM, 5 M 1)

Après que le conseil ait décidé la création d’un « kiosque pour la musique militaire et autres sociétés musicales », sa construction est confiée à un entrepreneur en serrurerie M. Boivin-Delsu, selon des plans dressés par l’architecte de la ville, Jean Moreau.

En échange, pour couvrir les frais, l'entrepreneur se voit concéder le droit de percevoir le prix de location des chaises servant au public durant 25 ans. Le kiosque est construit sur la promenade du Temple (actuel boulevard du 11-Novembre) entre les 2e et 3e rangées arbres et est terminé au début de l’année 1893. Il est ainsi prêt en perspective du concours régional agricole et de l’exposition nationale qui se déroule sur l’esplanade de l’Arquebuse du 10 juin au 16 juillet 1893. L’éclairage est électrique, mais connaît quelques aléas quant à son fonctionnement.

Cette partie des boulevards, qui est depuis longtemps un lieu de promenade dominicale pour les Auxerrois, devient le lieu de l’audition hebdomadaire. Jusqu’à 600 sièges seront installés. Des concerts sont aussi donnés pour les enfants des écoles.

Le 1er avril 1918, conformément au contrat passé, la ville devient propriétaire du kiosque et de ses 200 chaises. Elle reste cependant redevable d’une indemnité à la veuve du concessionnaire, le nombre de concerts ayant beaucoup diminué durant la Première Guerre mondiale.

Le kiosque au XXe siècle

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Carte postale (AM, 27 S 144)

Jusque dans les années 1920, la musique militaire est très jouée tout au long de l’année, mais aussi lors d’événements comme les fêtes d’Auxerre. Puis peu à peu, les sociétés musicales locales prennent le relais : la Société philharmonique, la Fanfare auxerroise, puis l’Harmonie et des fanfares locales comme celle des usines Guilliet.

Bien qu’en 1947, la municipalité décide de remplacer tout l’éclairage3, il semble que le kiosque connaît une baisse de fréquentation après la Seconde Guerre mondiale.

En 1966, en raison de la vétusté de cet édifice et d’une restauration trop coûteuse, le conseil municipal décide à l’unanimité sa suppression le 17 septembre 1966. La Ville le propose à la vente, mais sans succès. Il est donc détruit en 19673.

V. Rousselet/Ville d'Auxerre - 2019

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1. AM, registre de délibérations 1 D 35.

2. AM, 5 M 1.

3. AM, BN 667.