En raison des travaux réalisés dans la cour de l'hôtel de ville, la salle de lecture des Archives municipales et communautaires d'Auxerre est actuellement fermée au public.

Espace personnel

L'hôtel de ville d'Auxerre

Découvrons l’histoire d’un site qui a conservé sa principale fonction depuis le XVe siècle, celle d’abriter les délibérations des représentants des habitants d’Auxerre. Mais ce bâtiment a également été utilisé à d’autres fins.

Des fonctions variées

Clé de voûte avec armoiries de la ville d’Auxerre, caves de l’hôtel de ville, XVe siècle. (jpg - 2197 Ko)

Clé de voûte avec armoiries de la ville d’Auxerre, caves de l’hôtel de ville, XVe siècle. Le lion et les billettes des armoiries ont été martelés.

Un lieu pour abriter l’assemblée des représentants des habitants...

Jusqu’au milieu du XVe siècle, les habitants d’Auxerre et leurs représentants ne disposent pas de lieu fixe pour se réunir. Les grandes assemblées d’habitants ont lieu dans des édifices religieux, notamment au couvent des Cordeliers. De leur côté, les représentants des habitants d’Auxerre (appelés alors gouverneurs) se réunissent “en lieu commun ou en la taverne, qui n’est pas chose honneste”1.

Suite à la demande des Auxerrois, Jean de Bourgogne accorde en 1452 les fonds nécessaires à l’édification, d’une “maison, lieu et place propre appartenant à ladite ville, pour communiquer… ensemble de leurs affaires, et faire toutes autres choses nécessaires et convenables pour le bien de ladicte ville”2.

Le site, adossé à l’enceinte du château comtal, a été acheté par la communauté d’habitants quelques années plus tôt ; c’est le lieu encore occupé de nos jours par l’hôtel de ville.

On remarquera que cette construction intervient au moment où les habitants songent à établir une horloge et à faire rédiger leur cartulaire (recueil de leurs titres, à consulter en ligne ici). Cette construction légitime le pouvoir des habitants sur la gestion de leurs propres affaires.

… mais pas seulement

La construction de la “maison commune” au XVe siècle se justifie également par le besoin d’espaces pour la conservation de biens collectifs. En effet, les habitants signalent la “perte d’artillerie et aultres habillemens de guerre” achetés pour la garde de la ville, mais aussi la destruction d’archives “lettres, comptes, papiers et registres” qui avaient été conservées dans des lieux humides3.

Chose plus surprenante aujourd’hui, les habitants souhaitent disposer d’un lieu où célébrer les cérémonies publiques, fêtes de confréries ou mariages, mais également les mystères – les pièces de théâtre du Moyen Âge4.

Ces multiples fonctions se retrouvent à différentes époques. Les périodes troublées (guerres de Religions, Révolution) voient l’hôtel de ville transformé en arsenal. En période de paix, les caves peuvent être louées à des particuliers : du XIXe siècle aux années 1920, une cave est louée à des boulangers de la place de l’Hôtel de ville qui y stockent le bois de chauffe pour leurs fours5.

Agrandissements et entretien de l’hôtel de ville jusqu’à nos jours

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Cérémonie de jumelage Auxerre-Worms dans la salle du conseil municipal, 1968, AM Fig 2/5/1.

La grande salle

La grande salle (actuelle salle du conseil) est au coeur de la vie politique auxerroise depuis le XVe siècle. Elle accueille sous l’Ancien Régime les assemblées générales des habitants qui doivent trancher sur les questions d’intérêt général.
Cette salle est aussi, jusqu’à l’aménagement de l’hôtel Ribière dans les années 1970, le cadre des réceptions officielles.

L’ameublement et la décoration de cette salle font l’objet d’attentions particulières et, donc de rénovations régulières. En 1787, elle est entièrement tapissée et lambrissée6 ; on y ajoute des marbres. Ces travaux sont repris en 1838-1839, puis en 1881 (installation de glaces ; réfection d’un lustre).

Les derniers travaux d’ampleur remontent à 1961-1962, avec notamment l’installation de la table en forme de U du conseil municipal, portant l’écusson de la ville sculpté par François Brochet.

La cour de l’hôtel de ville

Le site initial n’a d’issue que sur l’actuelle place de l’Hôtel de ville ; cette façade est rénovée en 1733.

En 1578, les habitants d’Auxerre obtiennent du roi la permission d’utiliser une partie de la cour du château d’Auxerre, situé à l’arrière de l’hôtel de ville, pour le stockage d’armes et de munitions. En 1684, les Auxerrois font ouvrir une porte sur la cour du Palais (actuelle place du Maréchal-Leclerc). L’hôtel de ville a dès lors deux issues.

D’abord aménagée de hangars, la cour est dotée d’une nouvelle chambre du conseil destinée à abriter les réunions du corps de ville (l’ancêtre de notre conseil municipal), en 1702-17038.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’actuelle cour de l’hôtel de ville est partagée en deux. Au nord, la cour est propriété de la Ville, tandis qu’au sud le restant appartient à l’État et sert de cour à la prison dépendant du palais de justice (actuels bâtiments des Archives municipales).

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Plan de l’hôtel de ville et du palais de justice, 1857, AM 1 Oprov 1970.

En 1866, l’État installe le palais de justice à son emplacement actuel et la Ville prend possession de l’ancien palais de justice, vétuste, qui fait l’objet de sérieux réaménagements en vue de sa transformation en bibliothèque et en musée9. Les collections du musée sont exposées jusque dans la cour, ainsi qu’en témoigne la photographie du conseil municipal réuni autour de Charles Surugue, au début du XXe siècle.

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Le conseil municipal et le maire Charles Surugue, vers 1904, AM 2 Sprov 32/77.

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La statue de Caïn Maudit dans la cour de l’hôtel de ville avant son enlèvement en 1971. La statue est actuellement visible au parc de l'Arbre Sec, AM 505 W 299/816.

Les espaces de travail

Le développement des missions dévolues à la commune entraîne une augmentation des surfaces d’espaces de travail. Jusqu’à la fin du XIXe siècle les agents municipaux, peu nombreux, assurent leurs fonctions dans un secrétariat, un bureau de l’état civil et un bureau de police.

En 1914 est construite une aile d’extension donnant sur la cour, dans le prolongement de l’hôtel de ville10.

Les services techniques gagnent la rue de la Maladière à la fin des années 1940, tandis qu’en centre-ville de nouvelles extensions sont étudiées par le conseil dès 1947. En 1951, la société Hayes effectue une proposition en vue de la cession de ses immeubles situés place de l’Hôtel de ville11. Mais l’actuelle mairie annexe n’est aménagée qu’à partir de 1971 suite à l’achat de l’immeuble Stuerga.

Depuis lors, les sites occupés par les services sont nombreux et l’affectation des locaux suit les évolutions de l’organigramme.

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La mairie annexe en 1976, AM 505 W 299/1382.

J.-F. Bissonnet/Ville d’Auxerre - 2021

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1. Jean Lebeuf, Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse [continués par A. Challe et M. Quantin], Auxerre, Perriquet et Rouillé, Paris, Didron, 1848-1857, t. IV, p. 255.

2. Jean Lebeuf, Mémoires..., op. cit., t. IV, p. 256.

3. Jean Lebeuf, Mémoires..., op. cit., t. IV, p. 255.

4. Jean Lebeuf, Mémoires..., op. cit., t. III, p. 320.

5. Par exemple 1 D 46, p. 226, délibération du conseil municipal du 28 novembre 1924 pour la location de la cave située sous le côté droit de l'Hôtel de Ville à M. Marillier, boulanger.

6. BB 38, conclusion du corps de ville du 29 juillet 1787.

7. Feudiste 20 n° 4 et Feudiste 20 n° 5 : ordonnance et procès-verbal de prise de possession du terrain par Thomas Marie, lieutenant général au bailliage et siège présidial (19-21 juillet 1684).

8. Olivier Jacques Chardon, Histoire de la ville d'Auxerre, t. 2, Auxerre, Impr. de Gallot-Fournier, p. 374.

9. Denise Pineaux, Architecture civile et urbanisme à Auxerre (1800-1914), Auxerre, Impr. Moderne, 1978, p. 145-154.

10. 1 D 43, délibération du 10 novembre 1914.

11. 1 W 225, délibération du 27 décembre 1947 ; 1 W 226, délibération du 29 juillet 1951.