La « Passerelle en face de la rue Sous-Mur »
La réalisation de la passerelle piétonne sur l'Yonne
Tout d'abord, tordons le cou à une rumeur parvenue jusqu'aux Archives municipales : non, la passerelle piétonne n'est pas l’œuvre de Gustave Eiffel.
La passerelle est en réalité issue d'un projet élaboré par les ingénieurs du service de la navigation de la Seine et de la Basse-Yonne en 1910, sur demande de la Ville.
Le maire, Charles Surugue, dans une lettre du 5 février 1911 au sénateur Bienvenu-Martin fait référence aux « mille signataires de la pétition qui a amené le conseil municipal à demander la construction d'une passerelle légère et modeste devant servir uniquement au passage des piétons sur la rivière Yonne ». Un des objectif de cet ouvrage est de répondre au besoin de « mettre en communication directe le quartier Saint-Gervais devenu si populeux » et la gare du même nom1. Ce n'est là cependant qu'un objectif secondaire.
Un projet pour relier le nouveau port
La passerelle est principalement destinée à assurer la liaison entre le centre-ville et le nouveau port, ouvert en rive droite de l'Yonne en 19092.
Initialement la passerelle devait être réservée aux piétons, mais la Ville dut revoir son projet à la demande du Ministère des travaux publics, des Postes et Télégraphes. En effet, cet ouvrage devait également être utilisé pour le halage des bateaux, autrement dit il devait permettre le passage des chevaux3. Ce n'est qu'à cette condition que le conseil municipal obtiendrait l'autorisation de déclassement de l'ancien port situé rive gauche.
Un premier projet est présenté au conseil municipal, mais jugé trop coûteux4. Après une baisse estimative de la dépense, due à la réduction de la largeur de la passerelle et à une conception plus simple, le projet est adopté lors de la séance du conseil municipal du 13 août 1910 pour un total de 62 000 francs. Une subvention est demandée à l’État, sollicitation motivée par l'urgence et les investissements supplémentaires consentis par la Ville pour rendre l'ouvrage accessible aux chevaux. 26 000 francs seront accordés sous condition que cette passerelle reste de « tout temps accessible au halage et que la ville se chargerait de son entretien ultérieur, sans aucune participation de l’État »5.
Les travaux
Les travaux sont confiés à la société parisienne de poutres et planchers Siegwart, installée à Melun, par un marché de gré à gré, les entreprises locales ayant été jugées non « outillées pour faire un travail si délicat et en tirer un bénéfice quelconque »6. Mais la chambre syndicale des entrepreneurs d'Auxerre en prit ombrage, et adressa une protestation véhémente au Préfet de l'Yonne qui resta sans effet. Néanmoins, un artisan local, M. Blanc entrepreneur de serrurerie à Auxerre est retenu pour réaliser le garde-corps.
Les travaux commencent dès août 1911 lors de la période de chômage du canal et se terminent au printemps 1913.
V. Rousselet/Ville d'Auxerre - 2018