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La tour de l'horloge (II) : XIXe-XXe siècle

Histoire d'un monument 1825-1980

L’incendie de la flèche

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Extrait du procès-verbal de l'incendie (AMA, 1 M 28)

Selon le procès-verbal de l'incendie, le mercredi 28 septembre 1825, une fumée considérable, puis des flammes commencent à s’élever de l’édifice. Bientôt c’est le plomb en fusion de la toiture qui s’abat depuis le haut de la tour. L’incendie est dévastateur : la flèche s'écroule à 15 h 45 sur les maisons proches. Le feu est maîtrisé vers 19 h et aucun mort n’est à déplorer.

Les causes de l’incendie sont accidentelles : elles sont imputées aux travaux de réparation de la flèche engagés depuis trois mois. Petite note positive, les cloches de l'horloge sont retrouvées intactes, malgré leur chute.

Le projet de reconstruction

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« Construction d’un beffroy en charpente à élever sur l’ancienne tour de l’horloge », 22 décembre 1825 (AMA, CP 8/11)

Des discussions s’engagent alors sur le devenir de cet édifice en ruine : faut-il le reconstruire à l’identique ? Faut-il uniquement rétablir la sonnerie ? Faut-il déplacer l’horloge et la sonnerie dans la tour de la cathédrale Saint-Étienne ?

La reconstruction à l’identique est écartée pour des raisons de coût. Le choix se porte sur une réparation d’allure plus modeste destinée à accueillir la sonnerie1. Les travaux sont réalisés de 1826 à 1827, mais la valeur esthétique du résultat sera discutée. La nouvelle « sonnerie » de l’horloge est réalisé par M. Lepante, horloger du Roi2.

1885 : l’installation d’un sémaphore

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Extrait du rapport de l'architecte-voyer (AMA, 1 M 28)

En 1885, le service météorologique de l’Yonne propose l’installation d’un sémaphore sur la tour de l’horloge. Ce dispositif, constitué d'un mât le long duquel glisse un ballon retenu dans un filet, vise à transmettre des signaux relatifs à la météo, à l’image de ce qui se pratique dans les ports. Sa vocation première est d’avertir les professions agricoles des changements de temps, de manière plus efficace que le baromètre agricole et le système des dépêches.

Ce dispositif ne dure que peu de temps car une reconstruction du monument est à l’étude.

La grande reconstruction des années 1890 : la restitution de l'état du XVe siècle

Face à l’état de vétusté de l’édifice, voire à sa dangerosité (chutes d’enduits, lézardes…), sa démolition est proposée dès 1860. Mais la tour de l’horloge est classée au titre des monuments historiques en 1862.
L'hypothèse de la démolition est néanmoins sérieusement ré-envisagée en 1890 par une nouvelle commission chargée d’évaluer l’état de la tour, qui propose un arasement à hauteur de l’arcade supportant l’horloge.

Avançant l’argument de l’attachement des habitants pour le monument, le conseil municipal rejette le rapport de la commission : seuls le beffroi et la flèche seront déposés. Au terme d’une session mouvementée du 28 juin 1890, le conseil vote la restitution du monument dans son état du XVe siècle.

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« Ville d'Auxerre. Projet de restauration de la tour de l'horloge » par Paul Boeswilwal, juin 1890 (AMA, 1 Mprov 92)

Le projet est supervisé par Paul Boeswilwald, architecte des monuments historiques : la tour est consolidée et couronnée par une flèche surmontée d’une couverture en plomb.

La flèche telle qu’elle nous apparaît aujourd’hui avec sa forme élancée, est le fruit de cette reconstruction de la fin du XIXe siècle.

Le XXe siècle

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Carte postale (AMA, 27 S 210)

Au cours du XXe siècle des travaux d’entretien et d’embellissement de la tour et des cadrans sont programmés (éclairage de l’horloge, restauration des inscriptions en 1928, illumination, etc.).

À la fin des années 1970, dans le cadre du programme de travaux plus généraux du quartier, d’importants travaux de restauration de la charpente, des maçonneries, de la toiture et de l’horloge elle-même sont engagés. La tour se pare d’échafaudages pour faire peau neuve.

 

V. Rousselet/Ville d'Auxerre - 2019

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1. délibération du 1er décembre 1825.

2. délibération du 18 juin 1825.