Ce chapitre est consacré aux interventions de la communauté d'habitants dans les activités de production et d'échange. Il s'articule autour de six thèmes principaux, d'importance inégale, présentés suivant la progression réglementaire de la série HH des archives communales. On signalera tout particulièrement le volume important de documents se rapportant aux offices liés au commerce du vin.
I. — Agriculture
C'est la culture de la vigne qui joue un rôle essentiel dans l'économie locale de l'Ancien Régime ; elle est donc omniprésente, directement ou indirectement, dans cette partie qui s'organise en deux points.
• La maturation des fruits, avant les moissons ou les vendanges, est un moment de l'année où les cultivateurs surveillent avec attention leurs futures récoltes. L'engagement de messiers, mais surtout de vigniers chargés de la surveillance des cultures, a fait l'objet d'âpres débats au sein de la communauté. La garde des récoltes est un droit concédé aux habitants d'Auxerre par Pierre de Courtenay en 1194 et l'existence de vigniersest mentionnée à la fin du XIVe siècle, à l'occasion du conflit qui oppose les vignerons aux bourgeois d'Auxerre (cf. infra). En 1699, la ville obtient l'autorisation de confier à un adjudicataire la garde des héritages. Toutefois, l'opposition des vignerons repousse l'application de cette disposition qui ne se met en place que dans la première moitié du XVIIIe siècle. On trouvera ici pour l'essentiel les procès-verbaux d'adjudication des fonctions de messiers et vigniers. Les débats sur la mise en place de la garde des récoltes, qui ont eu lieu à l'occasion d'assemblées générales des habitants ou de réunions du corps de ville, sont donc à rechercher dans la série des registres de conclusions du corps de ville ou dans les procès-verbaux d'assemblée générale.
• La culture de la vigne s'appuie à Auxerre sur une nombreuse main d'œuvre de vignerons. La partie consacrée à la viticulture débute par les documents relatifs au long contentieux qui oppose les vignerons à leurs employeurs auxerrois durant près d'un siècle, des années 1390 aux années 1480. Les pièces de cet ensemble documentaire ont été largement exploitées par l'historiographie ; on se contentera de rappeler ici les grandes lignes de ce contentieux. Dans un contexte français qui voit un encadrement croissant du travail, les propriétaires de vigne auxerrois obtiennent du roi en mars 1393 une ordonnance qui fixe, sur le modèle d'une ordonnance similaire rendue pour la ville de Sens en 1383, la conduite à tenir par les vignerons : des salaires maximum sont déterminés, la durée de la journée de travail est fixée et le vol des fruits fait l'objet d'une répression. Cette ordonnance est publiée le 1er avril 1393 dans le ressort de la prévôté d'Auxerre. Le texte, qui vient à l'encontre des pratiques des vignerons, fait aussitôt l'objet d'une vigoureuse contestation au point que les propriétaires de vignes rédigent un mémoire afin de défendre leur cause devant le Parlement. Le 26 juillet 1393, le Parlement rend un arrêt en forme de compromis, sur la durée de la journée de travail, et sur les amendes à verser en cas d'infraction sur le temps de travail, mais ne fixe pas de salaire maximum.
Le conflit reprend dans les années 1440, car les propriétaires de vigne obtiennent au printemps 1447 des lettres patentes confirmant l'application de l'ordonnance de 1393. Une partie des vignerons opposés à l'ordonnance s'engage alors une double action, devant le Grand Conseil et devant le Parlement. En attendant la sentence du Parlement, le Grand Conseil accorde aux vignerons en juin 1447 un repos de 3 heures par jour et fixe la fin de la journée de travail à 7 heures.
Toutefois, sans doute lassés par la longueur de la procédure, 53 vignerons passent un accord avec les représentants des propriétaires de vignes le 1er février 1456 en l'église des Cordeliers. Par cet accord, les vignerons renoncent au procès devant le Parlement et acceptent les dispositions de l'ordonnance de 1393. L'accord est homologué par le Parlement en mars 1456. Il n'en reste pas moins que certaines dispositions de l'ordonnance de 1393 restent contestées par une partie des vignerons : ainsi, en 1480, le vigneron Jean Bedan est condamné pour avoir demandé un salaire excédant le prix de la journée réglementé par le bailli d'Auxerre.
Les pièces traitant directement de la culture de la vigne se rapportent à l'usage des perches et des échalas pour la conduite des vignes, et comprennent un procès-verbal constatant les dégâts des gelées en 1758. On signalera tout particulièrement l'« arpentage approximatif des vignes du territoire d'Auxerre » dressé en juin 1787 par Jean-Bonaventure Barbier-Dumont.
II. — Chasse
Les habitants d'Auxerre jouissent sous l'Ancien Régime d'un droit de chasse dont l'origine est obscure. Souvent pratiquée collectivement, la chasse au lièvre et à la perdrix a lieu à l'automne après les vendanges. La chasse du jour de la Saint-Hubert, le 3 novembre est, selon Lebeuf, « la plus belle, parce qu'elle est la plus nombreuse et la plus longue ». Le droit de chasse des habitants d'Auxerre a fait l'objet de différentes contestations et de réglementations. On signalera en particulier les deux procès soutenus par les habitants d'Auxerre devant la Table de marbre au début du XVIIe siècle, contre la dame de Villefargeau et contre les seigneurs de Saint-Bris. En 1686, le pouvoir royal interdit la chasse dans les environs de la ville. Mais les rappels successifs de cette interdiction, en 1706, puis en 1737, indiquent que son application était difficile.
La chasse d'animaux nuisibles peut être ordonnée par les États de Bourgogne ou par le commandant en Bourgogne, ainsi en témoignent deux ordonnances d'Henri-Charles de Saulx, comte de Tavannes, pour l'organisation d'une battue en 1732 destinée à prendre une « bête ».
III. — Approvisionnements
L'approvisionnement de la population est un souci majeur pour toute administration d'Ancien Régime.
Le corps de ville dispose en la matière d'un pouvoir de police réglementaire : on trouvera donc dans le chapitre de cet inventaire consacré à la « Police » la description des documents touchant à la réglementation du commerce des grains (sous-partie « Surveillance des prix et police des subsistances »).
Mais en cas de crise, le corps de ville peut prendre lui-même en charge l'approvisionnement de la population, en effectuant des achats de grains et en assurant leur distribution. Ce sont donc les documents correspondant au second cas de figure qui sont décrits ici.
Cette partie s'ouvre par des pièces relatives à l'approvisionnement en blé réunies à usage de documentation. Viennent ensuite les documents se rapportant à trois épisodes d'intervention du corps de ville en matière d'approvisionnement, en 1626, lors de l'hiver 1709, et en 1742.
IV. — Commerce
Tout comme pour les approvisionnements, le corps de ville dispose de son pouvoir de police en matière de commerce : ces archives sont décrites au chapitre « Police » du présent inventaire. Les documents présentés ici concernent pour l'essentiel la réglementation royale et les privilèges de la communauté en matière commerciale, ainsi que les affaires concernant les offices d'encadrement des activités commerciales. Le commerce du vin, particulièrement actif à Auxerre, y est donc bien représenté.
A. Organisation du commerce
La réglementation des poids et mesures, ainsi que celles des foires et marchés, permettent la tenue des activités commerciales. On signalera donc particulièrement dans cette sous-partie la présence d'un mandement du lieutenant du bailli de Sens et d'Auxerre sur la fabrication des tonneaux et la mise en vigueur d'une livre de 16 onces, de même que des lettres patentes de Louis XIV instituant quatre foires annuelles supplémentaires à Auxerre.
B. Encadrement des activités commerciales
1. Commerces de fournitures
Les documents relatifs au commerce de fourniture concernent les draps et le bois : on y trouvera des lettres patentes de Charles VI relatives à l'apprêt des draps mis en vente à Auxerre, ainsi que deux pièces portant sur le rachat par la communauté, en 1696-1697, des offices de jurés mouleurs, visiteurs, mesureurs et peseurs de bois à brûler et charbon.
2. Commerces alimentaires
Sont représentés ici les commerces du vin, du poisson, des grains et la boucherie. Le commerce du vin fournit à lui seul l'écrasante majorité des documents décrits.
a. Commerce du vin
L'importance de la viticulture, la renommée des vins d'Auxerre, ainsi que la présence de la rivière permettent aux Auxerrois d'exporter leurs vins dès le Moyen Âge. Le marché aux vins d'Auxerre, appelé étape aux vins, est le plus important de la région. À l'exception des octrois perçus sur le transport des vins qui peuvent être concédés périodiquement par le pouvoir royal, le corps de ville ne perçoit pas de taxes sur le commerce du vin comme cela peut être le cas dans d'autres villes.
i. Vente de vin par les habitants d'Auxerre
Seule une quittance du XIVe siècle témoigne directement des transactions qui avaient lieu sur le vin. Les autres pièces décrites dans cette sous-partie concernent les privilèges obtenus par les habitants d'Auxerre pour faire vendre et transporter leur vin dans le royaume, sous François Ier, ou pour pratiquer le commerce du vin en gros, privilège concédé en 1604 et confirmé en 1618. Il faut sans doute mesurer la portée de ces privilèges, l'essentiel du trafic du vin étant entre les mains des marchands parisiens.
ii. Offices relatifs à l'encadrement du commerce du vin
Ainsi qu'en témoigne la masse de documents conservés, deux offices ont une importance capitale pour l'encadrement du commerce du vin : les offices de jaugeurs et les offices de courtiers en vins. D'autres offices de moindre importance apparaissent également au fil du temps , comme les greffiers de dépris des vins. L'évolution de ces offices durant le premier quart du XVIIe siècle rend complexe la présentation des pièces en raison des multiples créations, transactions et suppressions dont ils font l'objet. Cette sous-partie de l'instrument de recherche, qui tend à reconstituer des dossiers cohérents, ne propose donc qu'un agencement possible parmi d'autres.
• Les jaugeurs sont les experts chargés de vérifier la contenance des tonneaux et futailles destinés au commerce du vin. La communauté d'habitants d'Auxerre, qui a obtenu le droit de nommer quatre de ces officiers, tient à conserver ses privilèges confirmés par Charles VI en 1383, ce qui l'entraîne dans une politique de rachat des offices.
– Par édit d'octobre 1550, Henri II crée des offices de jaugeurs de vins dans toutes les villes situées sur les rivières de Seine, Yonne, Marne, Oise et aux environs. Les offices d'Auxerre sont dans un premier temps pourvus par Jean Bailly, sommelier ordinaire du roi. Après un contentieux contre Jean Bailly, les Auxerrois obtiennent la suppression des offices par lettres patentes d'août 1557.
– Les offices de jaugeurs sont à nouveau créés par édit de février 1596, en tous lieux du royaume où ils seraient jugés nécessaires.Les Auxerrois procèdent à un nouveau rachat auprès des pourvoyeurs de la maison du roi, pour l'augmentation instituée par « l'édit de jaugeur ».
– L'édit de novembre 1601 introduit la vente en hérédité des offices. Il semble que les Auxerrois aient procédés à deux rachats successifs. En 1604, les habitants d'Auxerre obtiennent des lettres patentes les autorisant à lever une imposition de 3 309 livres pour le rachat des offices de jaugeurs, visiteurs de tonneaux, vaisseaux, barriques et futailles à mettre vin. Toutefois, en 1615, le maire et les échevins d'Auxerre règlent une somme à Médéric Levavasseur au tire du rachat d'un office de jaugeur. Le second rachat a lieu en 1618, lors de la vente des offices de jaugeurs dans les élections d'Auxerre, Tonnerre et Vézelay, moyennant 8 811 livres.
• Les courtiers servent d'intermédiaires entre les marchands, souvent étrangers à la région, et les producteurs locaux de vin. Selon la coutume d'Auxerre, l'emploi des courtiers n'est pas obligatoire ; leur intervention donne toutefois aux transactions les garanties offertes par le caractère officiel de leur fonction. La ville a obtenu du comte de Chalon le droit de nommer la moitié des courtiers dès 1346. Au début du XVIe siècle, les officiers du roi nomment quatre courtiers et les jurés de la ville en nomment le même nombre. Un certain nombre de réception de courtiers ont ainsi été conservées entre 1571 et 1607.
– L'établissement de courtiers en vins – offices institués par édit de février 1611 – est rapidement abandonné par les commissaires chargés de la vente des offices, en vertu des privilèges des habitants.
– L'édit de février 1620 introduit le premier établissement d'offices vénaux de courtiers dans l'élection d'Auxerre. Les Auxerrois conservent le droit de pourvoir à moitié aux offices, tandis que le roi procède à l'établissement de dix offices supplémentaires. La communauté établit donc de nouveaux officiers et conserve soigneusement leurs reconnaissances dans les archives du corps de ville. Parallèlement, la ville fait l'acquisition auprès de Pierre de Hodicq, de ce qui est vraisemblablement l'autre moitié des offices de courtiers de l'élection d'Auxerre. Cette acquisition est un temps remise en question par un tiercement – une offre trois fois supérieure – proposé par Edme Deserin. Le remboursement de Pierre de Hodicq, qui se fait en deux temps (avant et après le tiercement), oblige la communauté à passer de nombreuses constitutions de rentes afin de réunir les fonds nécessaires au rachat. L'acquisition oblige également la communauté à indemniser les anciens propriétaires d'offices dont les titres ont été adjoints aux archives de la ville. À l'achèvement de ces procédures de rachat, la ville cède ses droits sur les offices aux courtiers eux-mêmes, en octobre 1628 et en mars 1629. Quelques années plus tard, la communauté obtient confirmation de son privilège de nommer à vingt offices de courtiers, par lettres patentes de Louis XIII du 4 mai 1637. Ce privilège est confirmé par différents arrêts du Conseil de 1638, à l'issue d'un contentieux qui oppose le corps de ville à des marchands de vin de Paris.
• La déclaration des vins destinés à être transportés pour la vente porte le nom de dépris. Institués par édit de février 1627, les greffiers de dépris des vins sont les officiers chargés d'enregistrer ce type de déclaration. Après une phase d'adjudication en faveur de Robert Philippe, bourgeois de Paris, les offices de l'élection d'Auxerre font l'objet de rachats par le maire et les échevins d'Auxerre, avant d'être liquidés en 1630.
• Un certain nombre de documents traitent simultanément des affaires relatives aux offices de courtiers et de greffiers de dépris des vins. L'établissement des offices de greffiers de dépris des vins se fait en vertu d'une déclaration du roi du 27 mars 1627 qui attribue aux courtiers le paiement des droits de courtage, reliage et charriage des vins. En 1628, le corps de ville intervient dans une procédure devant la Cour des Aides aux côtés des États de Bourgogne afin de s'opposer à l'établissement de ces droits. Les habitants de l'élection d'Auxerre sont mis à contribution afin de financer la moitié du rachat des offices : sont ainsi conservés des pouvoirs donnés par les habitants de l'élection au corps de ville d'Auxerre pour statuer sur la question, ainsi que les pouvoirs donnés par les communautés à leur délégués assemblés à Auxerre lors d'assemblées générales les 2 janvier et 4 avril 1628. Le rachat, qui est entériné par le roi en 1632, se traduit par la suppression des offices de greffier de dépris des vins et des droits de courtage et de jauge.
• Le dernier quart du XVIIe siècle voit de nouvelles créations d'offices. Si l'on en croit le faible nombre de documents conservés, ces créations sont loin de susciter autant d'oppositions que durant la première moitié du siècle. Ainsi, des offices de jaugeurs de futailles et de courtiers en vins, cidres, eaux-de-vie, bières et autres boissons et liqueurs sont créés par édit de février 1674. Les offices de courtiers sont supprimés et recréés par édit de juin 1691. On signalera enfin pour mémoire deux pièces, l'une relative au paiement d'un supplément de finance pour l'office de juré crieur de corps et de vins (1699-1700) et l'autre concernant la création d'offices d'inspecteurs, visiteurs et contrôleurs aux entrées des eaux-de-vie, vins, bières, poirés et boissons entrant dans les villes et bourgs.
b. Commerce du poisson
Le commerce du poisson est représenté par un acte d'installation de Claude de Serin en l'office de vendeur de poisson de mer frais, sec et salé (1609).
c. Commerce des grains
Les trois pièces concernant le commerce des grains traitent toutes de la création des offices de jurés mesureurs royaux de grains (1697).
d. Boucherie
Les offices d'inspecteurs aux boucheries créés par édit de 1704 sont rapidement rachetés par la communauté d'habitants. La même année, les droits attribués aux inspecteurs de boucheries sont cédés par le corps de ville à Jacques Frappé, moyennant 22 500 livres par an. C'est en 1708 que les Auxerrois effectuent le remboursement complet des offices.
V. — Manufactures
La création de manufactures à Auxerre est due à l'initiative de Jean-Baptiste Colbert désireux de développer les environs de sa baronnie de Seignelay. En juin 1664, Colbert constitue un fonds de 5 000 livres pour l'établissement de trois manufactures à Auxerre : la première de draps et serges de Londres, destinée à l'imitation de produits anglais, la deuxième vouée à la production de dentelles au point-de-France et de broderie, la troisième consacrée au tricot et aux bas de laine.
La manufacture de point-de-France est l'établissement le mieux documenté. Cette manufacture ouvre dans l'été 1666 et, placée sous la direction de Mme de Voullemin, elle entame un développement satisfaisant. Elle périclite au début des années 1670 en raison de l'inadaptation de son modèle de production au contexte local. Mentionné en 1686, l'établissement disparaît vraisemblablement à la fin du XVIIe siècle.
Faisant l'objet d'une attention moins soutenue de la part de Colbert et moins étudiées par l'historiographie, les deux autres manufactures sont peu connues. Elles semblent ouvrir également en 1666, après l'établissement de la manufacture de point-de-France. La manufacture de tricot et de bas de laine est dirigée par Camuset, un commerçant parisien, qui entre en concurrence avec Mme de Voullemin pour le recrutement d'ouvrières. Quant à la manufacture de serges et de draps, elle est mentionnée en janvier 1669 à l'occasion de la publication de lettres patentes homologuant le règlement des trois manufactures auxerroises. En avril 1681 les directeurs de cette manufacture établissement leur foulon au moulin de Preuilly.
La sous-partie consacrée à la description des documents relatifs aux manufactures d'Auxerre débute par les pièces relatives à la réglementation de la production et à l'attribution de la juridiction sur les manufactures au corps de ville (1669, 1676 et 1737). Viennent ensuite deux pièces relatives à la vérification des étoffes (1688 et 1738). Enfin, la correspondance adressée par Colbert au corps de ville termine cet ensemble. Elle comprend dix lettres datées de 1667 à 1671 qui mettent à la fois en évidence l'intérêt de Colbert pour le développement des manufactures et ses regrets de voir les établissements auxerrois péricliter.
Une seconde sous-partie regroupe des pièces rassemblées à usage de documentation par le corps de ville concernant la manufacture de serge d'Aumale (1665-1666).
VI. — Relations avec les communautés d'arts et métiers
L'intervention du corps de ville dans l'exercice des métiers relève de ses pouvoirs de police. La remarque effectuée supra pour le commerce est donc valable ici également : ces archives sont décrites au chapitre « Police » du présent inventaire.
Les documents portent essentiellement sur les relations entre la communauté d'habitants et les communautés de métiers en tant que corps constitués. On y retrouve la réglementation royale et les différents privilèges des communautés de métiers, ainsi que les affaires concernant les offices relatifs à ces communautés.
A. Notaires
En 1634-1635, le corps de ville s'oppose à un projet de la communauté des notaires d'Auxerre visant à établir un bureau pour la passation des actes. Le corps de ville conteste donc la mise en application des lettres patentes obtenues par les notaires en novembre 1633 devant le parlement de Paris.
B. Marchands et artisans
Les documents relatifs à la communauté des marchands et artisans ont été regroupés en quatre thèmes.
• Le premier thème concerne la confirmation, par le Conseil, du privilèges des habitants et marchands d'Auxerre de vendre des marchandises sans déclaration ni prestation de serment préalable.
• La juridiction consulaire est créée à Auxerre par lettres patentes du 17 mars 1564. À l'origine les juges-consuls sont au nombre de trois, nommés par les marchands eux-mêmes. L'attribution des juges-consuls comprend la connaissance exclusive des causes commerciales, jusqu'à 500 livres. La juridiction consulaire n'apparaît pour ainsi dire jamais dans les archives de la communauté d'habitants. Les deux lettres présentes ici concernent le sieur Boyard qui, déjà échevin en 1750, ne peut être nommé juge-consul pour cette raison51.
• En 1704, le corps des marchands, arts et métiers d'Auxerre est mis à contribution pour la levée de 710 hommes par le roi. Deux pièces attestent du paiement de 4 000 livres effectué par la communauté.
• Les communautés de marchands et d'artisans procèdent au rachat des offices créés par la monarchie dans les premières années du XVIIe siècle afin d'alimenter le trésor royal. La communauté auxerroise procède donc au rachat d'offices d'auditeurs-examinateurs des comptes (1700), de trésorier receveur et payeur (1702-1704), des droits dûs aux contrôleurs des poids et mesures (1704-1705), de l'office de greffier des communautés d'arts et métiers (1704-1706) et de trésoriers receveur et payeurs des gages pour les communautés d'arts et métiers (1710-1712).
Viennent ensuite les documents concernant des communautés d'artisans spécifiques, présentées en suivant l'ordre chronologique de la première pièce conservée.
C. Drapiers
Les thématiques présentes dans les pièces relatives à la communauté des drapiers sont proches de celles qui concernent la communauté des marchands et artisans décrites plus haut.
• En 1651, la communauté des drapiers demande au corps de ville de délibérer sur ses statuts.
• Les drapiers sollicitent en 1705 la permission de lever des fonds pour effectuer le rachat des droits attribués aux offices d'inspecteurs des manufactures.
• Enfin, en 1743, la communauté des drapiers impose ses membres afin de réunir une somme permettant d'assurer le fonctionnement de la communauté.
D. Maîtres chirurgiens
Le titre de lieutenant du premier chirurgien du roi à Auxerre est l'enjeu des pièces décrites. Le corps de ville dispose de la prérogative de présenter au premier chirurgien du roi trois candidats issus de la communauté des maîtres chirurgiens d'Auxerre, afin d'exercer sa lieutenance à Auxerre. Trois lieutenants sont concernés : le sieur Bourgoin (1740), le sieur La Tour (1755), nommé malgré les protestations du corps de ville, et Jean-Joseph François (1788).
E. Maîtres perruquiers
Un registre des délibérations de la communauté des maîtres perruquiers couvre la période du 24 février 1755 au 26 février 1776.
F. Marchands épiciers
En février 1760, les communautés des marchands épiciers de Compiègne, Beauvais, Meaux et Senlis s'adressent à leurs homologues d'Auxerre afin de protester contre la perception de droits sur les ratafias par le fermier général des aides. Les deux pièces relatives à la communauté des marchands épiciers d'Auxerre se rapportent à cette affaire.
G. Maîtres serruriers
Les deux ensembles de documents qui se rapportent aux maîtres serruriers concernent directement la vie de cette communauté de métier. On trouvera d'abord un ensemble de mises en demeures et de reconnaissances de dettes en faveur de la communauté (1773-1788). Enfin, une pièce traite de la saisie des outils de Petit Jean Auvergnat et de leur remise à la communauté (1788-1790).
__________
1. Charles Demay, « La garde des propriétés du finage d'Auxerre (essai historique) », dans Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1905, p. 5-41.
2. Pour les publications les plus récentes qui contiennent un rappel de la bibliographie antérieure, voir Marcel Delafosse, « Notes d'histoire sociale : les vignerons d'Auxerrois (xive-xve siècles) », dans Annales de Bourgogne, t. 20, n° 77, 1948, p. 7-41 et Alessandro Stella, « Un conflit du travail dans les vignes d'Auxerre aux xive-xve siècles », dans Histoire et sociétés rurales, t. 5, 1996, p. 221-251.
3. Feudiste 7 n° 1 : lettres patentes de Charles VI (mars 1393).
4. Feudiste 7 n° 2 : mandement du bailli d'Auxerre (1er avril 1393).
5. Le mémoire existe en deux version, la première est un brouillon (Archives départementales Yonne, E 523), la seconde est le mémoire définitif (Feudiste 7 n° 5). Ces deux versions ont été éditées par Alessandro Stella, « Un conflit... », art. cit., aux p. 226-240 et 241-251.
6. Feudiste 7 n° 6 : lettres patentes de Charles VII (27 avril 1447) et Feudiste 7 n° 7 : procès-verbal de notification des lettres patentes aux vignerons (3-7 mai 1447).
7. Feudiste 7 n° 4 (acte du 5 juin 1447).
8. Édition du texte par Jean Lebeuf, Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse, t. 4, Auxerre-Paris, Perriquet et Rouillé/Dumoulin, 1855, p. 262-263.
9. Feudiste 7 n° 8 : arrêt du Parlement (11 mars 1456).
10. Feudiste 7 n° 9 : sentence de Jean Regnier, bailli d'Auxerre (24 mars 1480).
11. Paul Richard, « Le vignoble auxerrois en 1787 », dans Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, t. 98, 1959-1960, p. 33-40.
12. Léon Foin, « Procès de chasse à Auxerre au xviie siècle : la chasse de Saint-Hubert », dans Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1908, p. 23-45.
13. [Jean Lebeuf], « Lettre à M. de la R. sur les chasses d'Auxerre, et en particulier sur celle de Saint-Hubert, où il est parlé de l'antiquité de la chasse aux lièvres, et de l'origine de la dévotion des chasseurs envers saint Hubert », dans Mercure de France, janvier 1725, p. 67-92.
14. Feudiste 21 n° 6 : copie d'une ordonnance de Louis XIV (2 octobre 1686).
15. Feudiste 21 n° 7 : copie d'une ordonnance de Louis XIV (25 novembre 1706) et Feudiste 21 n° 9 : copie d'une ordonnance de Louis XV (29 décembre 1737).
16. Feudiste 97 n° 14 et n° 15 (19 mars-1er avril 1732).
17. Feudiste 69 n° 1 (7 juillet 1400).
18. Feudiste 69 n° 4 (mars 1685).
19. Feudiste 3 n° 5 (9 mars 1408).
20. Feudiste 211 n° 1 (31 mars 1366).
21. Feudiste 3 n° 14 (5 octobre 1522).
22. Feudiste 55 n° 1 (30 janvier-18 avril 1604).
23. Marcel Delafosse, « Le commerce... », art. cit., aux p. 226-230.
24. Feudiste 35 n° 8 : recueil de copies d'actes relatifs au privilège des quatre maîtres jaugeurs de la ville (1383-1557).
25. Nicolas de La Mare, Traité de la police, où l'on trouvera l'histoire de son établissement, les fonctions et les prérogatives de ses magistrats ; toutes les loix et tous les reglemens qui la concernent..., t. 3, 1719, p. 580.
26. Feudiste 35 n° 6 (août 1557).
27. Feudiste 35 n° 11 (31 décembre 1598).
28. Feudiste 38 n° 8 (24 mai 1604).
29. Feudiste 37 n° 13 (2 avril 1615).
30. Feudiste 37 n° 14 (26 décembre 1618).
31. Marcel Delafosse, « Le commerce du vin d'Auxerre (xive-xvie siècles) », dans Annales de Bourgogne, t. 12, 1940, p. 203-230, aux p. 204-205.
32. Feudiste 39 n° 1 (28 septembre 1503).
33. Feudiste 39 n° 6 (11 décembre 1611).
34. Feudiste 38 n° 2 (février 1620).
35. Feudiste 59 n° 1 (2 octobre 1620).
36. Feudiste 45 n° 1 (2 octobre 1620).
37. Feudiste 45 n° 7 (2 mai 1628).
38. Feudiste 38 n° 9 (4 mai 1637).
39. Nicolas de La Mare, Traité de la police, où l'on trouvera l'histoire de son établissement, les fonctions et les prérogatives de ses magistrats ; toutes les loix et tous les reglemens qui la concernent..., t. 3, 1719, p. 630.
40. Feudiste 45 n° 6 (19 janvier 1628).
41. Feudiste 38 n° 8 (janvier-5 février 1632).
42. Feudiste 100 n° 8 (26 juin 1691) ; à l'époque où écrit Nicolas de La Mare, cet édit « semble enfin avoir fixé l'état de ces officiers » (Nicolas de La Mare, Traité de la police..., op. cit., p. 630).
43. Feudiste 130 n° 1 (9-10 septembre 1704).
44. Paul-Marie Bondois, « Colbert et l'industrie de la dentelle : la manufacture d'Auxerre », dans Julien Hayem, dir., Mémoires et documents pour servir à l'histoire du commerce et de l'industrie en France, 6e série, Paris, Libr. Hachette, 1921, p. 203-261, p. 208.
45. Olivier-Jacques Chardon, Histoire de la ville d'Auxerre jusqu'aux États généraux de 1789, t. 2, Auxerre, Impr. Gallot-Fournier, 1835, p. 291 ; Paul-Marie Bondois, « Colbert et l'industrie... », art. cit., p. 259.
46. Paul-Marie Bondois, « Colbert et l'industrie... », art. cit., p. 219.
47. Olivier-Jacques Chardon, Histoire..., op. cit., t. 2, p. 316.
48. Feudiste 31 n° 2 et Feudiste 31 n° 3 (avril-mai 1635).
49. Feudiste 174 n° 2 (2 septembre 1666).
50. R. Simonneau, « Origine des juges consuls d'Auxerre », dans Mémoires de la société pour l'histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, t. 1, 1932-1933, p. 16-17.
51. Feudiste 96 n° 25 et Feudiste 174 n° 23 (novembre 1750).